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11 mai 2011 3 11 /05 /mai /2011 20:30

 

Avant de partir loin, commencer par explorer autour de chez soi n'est pas une mauvaise idée … cependant je suis allé, dès le début de mon séjour, à Canella et Gramado, deux villes """allemandes""" et "reines du chocolat", au nord de l'état. En demandant à droite et à gauche, tous les brésilien-nes me répondaient qu'à n'en pas douter, c'étaient deux villes incroyables. Je ne savais pas filtrer ce qu'ils disent à l'époque, donc avec mon ami (allemand …) on avait été sacrément déçus, d'autant plus que le groupe de notre mini-bus donnait priorité aux galeries marchandes sur le parc avec cascades. Par la suite on a vite situé que le Rio Grande do Sul n'a pas grand chose à offrir aux touristes. Cependant, j'ai découvert avant les vacances le seul guide de voyage sur cet état, qui permet -enfin- d'avoir une vue d'ensemble, et tout de même un peu l'eau à la bouche.

 

http://www.livrariascuritiba.com.br/Imagens%5CLivros%5CNormal%5CLV269663_N.jpg

 

ce guide c'est sincèrement beaucoup de blabla pour pas grand chose, mais il est indispensable à l'étudiant de passage, pour la vision qu'il offre de l'état, et les 70 pages sur la culture gaúcha

 

 

L'eau à la bouche, car Porto Alegre me fatigue en ce moment, et j'ai drôlement envie de m'éclipser et prendre l'air, au CALME. Ces sentiments ne sont pas nouveaux, mais ils sont exacerbés depuis le retour des vacances, où j'aspire à me poser un peu.

Nous étions cinq et voulions louer une voiture pour aller voir les canyons de Fortaleza et Itambezinho, qui marquent la frontière avec l'état de Santa Catarina, voir au passage les cascades de Maquiné, déambuler dans la campagne (la serra) et voir la plage de Torres, réputée magnifique et la seule valable du Rio Grande do Sul. Cerise sur le gâteau, on y verrai un festival de montgolfières.

 

http://www.belasantacatarina.com.br/images/images/Foto23.JPG

http://1.bp.blogspot.com/_6PghNRwUUow/TBa0q9cNcBI/AAAAAAAAACI/ztop9evZubM/s1600/fortaleza_3.JPG

 

Maciel, notre ami brésilien, nous a incroyablement surpris, car quand nous avons établi que nous partirions en week-end, Maciel nous a re-contacté et a pris les devants de l'organisation (nom de dieu, Maciel est pourtant brésilien ! ) Je dis ça, car typiquement, les brésiliens sont chaleureux, très sympas au premier contact, donc après une soirée très sympa, dans mon cas souvent limitée à une conversation basique étranger-brésilien, on échange les contacts et eux prévoient déjà la prochaine, t'invitent chez eux, promettent de se revoir le week-end qui arrive parce que tu es "muito legal", etc, mais ce ne sont que des paroles de politesse. Le jour suivant, c'est passé, c'est oublié, ils passent à autre chose. Ils avouent que quand effectivement la personne passe chez eux ils sont très surpris ! Plusieurs fois j'ai écrit en proposant quelque chose de concret et en donnant mes disponibilités, mais lettre morte … en tant qu'étranger qui ne sait pas cela et qui attend un max de rencontrer des gens, la surprise est encore plus frustrante.

Notons que j'ai vu la différence de comportement avec Rio, où les gens le soir dans la rue sont encore plus ouverts (là-bas la fête est même dans la rue), mais j'imagine que la contrepartie est encore plus marquée. Et tous les gens de São Paulo et de Rio que j'ai croisé sont frappés par la fermeture des gaúchos, par la difficulté de s'insérer dans un groupe, et ils trouvent la ville jolie et agréable … alors qu'est-ce que ça doit être São Paulo, sans rire 

 

Mais Maciel nous a aidé. On a trouvé une voiture, mais avons reporté la sortie à cause de la pluie qui se promettait torrentielle. Le week-end suivant c'était pascoa (pâques), avec jeudi et vendredi de fériés, beleza :) Ainsi on pouvait partir trois jours. Malheureusement dès le lundi toutes les voitures étaient louées. Nous nous sommes donc rabattus sur une sortie à Torres, et on a filé acheter les billets. Il faut aller à la gare pour les acheter, car il n'existe pas de site internet ni d'agence sncf de quartier, il faut trouver comment traverser la 2x2 voies pour arriver à la gare, puis après avoir fait la queue une fois il faut trouver une banque pour retirer de l'argent car seul le liquide est accepté au guichet puis refaire la queue. D'une manière générale, tout est toujours un peu plus compliqué que prévu ici … qu'il s'agisse du traffic routier (ces enfoirés ne s'arrêtent pas quand je tente de traverser la rue en m'imposant) (un ami francophile m'a dit : les brésiliens sont sympathiques mais pas éduqués, les français sont bien éduqués mais ne sont pas sympathiques), du bus (encore une fois :D ), des billets de bus à aller chercher au point de vente par inexistence de site internet ou agence locale (on avait même fini à l'aéroport pour acheter nos billets pour Rio, car par internet c'était vraiment "um pé no saco"), des activités culturelles pas faciles à dénicher, etc … certes je ne suis pas d'ici donc c'est plus difficile, mais nous trouvons vraiment difficile d'être au courant des (quelques) activités culturelles qui sévissent dans la ville, nous espagnols, allemands et français habitués à beaucoup de facilités …

 

 

ces photos sont du centre-ville, où je vais rarement parce que je n'en ai pas besoin, donc il serait temps que je vous montre des photos des autres quartiers. Mes précédentes photos du centre-ville ici.

 

Notre programme du week-end a donc été revu à la baisse (c'est un euphémisme), caracole, foot, (brésiliens très faciles à battre vu qu'ils veulent improviser en attaque et ne laissent aucune défense et ne faisaient même aucune passe en retrait, ahah), chimarrão, etc; mais maintenant on comprend mieux les brésiliens qui s'échappent le temps d'un week-end et dans une ville qu'ils trouvent magnifique. (un mystère restant entier à mes yeux est leur happiness sambaesque qui ne faiblit pas)

 

 

 

Et nous n'avons vu aucune montgolfière, mais ça ne nous a plus surpris !

 

Infos pratiques :

Porto Alegre - Torres : beaucoup de sorties par jour, R$30-35 l'aller. seul le liquide est accepté au guichet de la rodoviaria

guides O Viajante (le guide sur l'Amérique du Sud est par contre très bien)

incroyable mais vrai, le plus simple pour trouver une agence de location de voitures est d'ouvrir l'annuaire et d'appeler.

 

Râleries pour apprécier un week-end à Torres
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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 22:02

Informations à l'attention des futur(e)s étudiant(e)s français à Porto Alegre, voire ailleurs au Brésil. Les non-étudiants pourront se faire une meilleure idée de la vie quotidienne.

 

Vous pouvez télécharger la version pdf ici. Ça serait cool que les étudiants qui ont de l'expérience me fassent des retours pour construire ensemble un meilleur guide.

 

edit : j'ai étudié à Porto Alegre d'août 2010 à juillet 2011. Les informations que je donne sont susceptibles d'avoir changé. C'est à toi, étudiant qui part, de mettre à jour ce guide s'il t'a déjà aidé.

 

Quant à moi, j'ai repris mon rythme à l'université, un mois et un jour après mon retour de voyage je recherche toujours un appart', mais hier j'ai fait le luxe de refuser la chambre dans le premier appart' que j'ai visité ! Je préfère largement l'hôtel Porto do Sol, qui est malgré tout sympa (et propre, et avec un bon petit déj ! ). Mon principal problème là est le bruit. Bruit de l'avenue, et bruit des deux télés qui sont tout le temps allumées. J'ai ma dose de foot ! Avec les chaînes sportives du câble, brésiliennes et internationales, il y a du foot h24 (ou discussions sur le sujet ...). On sait déjà que les télénovelas sont à vomir; là j'ai pu voir quelques jeux télévisés : la présentatrice porte je ne sais pour quelle raison des porte jartelles et arbore un clinquant décolleté, le présentateur se tenait derrière un écran qui montrait un bassin et des jambes féminines en train de se dandiner, toutes les 10 secondes la caméra montre les pin-ups gonflées de plastique qui font le décors vivant, et zoom sur leur "bunda" où on arrive à distinguer un string. Bref, la surprise était marrante, mais qu'est-ce que c'est scandaleux !

L'hiver arrive, ici c'est déjà l'automne. Un drap seul ne suffit plus la nuit, j'ai sorti le jean, et on a essuyé quelques fortes pluies qui rentrent dans les records (et nous ont empêché de partir en week-end).

 

 

1 Préparer ses papiers

Vous avez sûrement déjà ces infos alors je ne traîne pas.

visa : pour éviter d'aller à Paris on peut passer par une agence de visa; je suis passé par jet-diffusion et ils ont été à l'écoute et très serviables. Ça prends moins entre 3 et 4 semaines.

Aide de la Relinter : avant de venir au Brésil

Les conseils d'un autre français.

MAIS : je ne sais pas pourquoi il parle de venir avec des euros et de les changer, ne le faites pas c'est super cher; il dit que "faire trois leçons de la méthode assimil", "ça va te saoûler", que "tu vas aller boire des coups avec tes potes tout l'été" et que "tu auras bien raison" parce que de toutes les façons on apprend rapidement sur place : eh bien ça c'est bien typique d'un ensimag. Si tu aimes apprendre une langue et t'intéresses à une culture différente, tu n'es pas un extra-terrestre, et mieux tu parles la langue en arrivant plus ton insertion et tes progrès vont être rapides, donc au-delà du plaisir d'apprendre ça vaut le coup de lire un petit livre en s'aidant d'un dictionnaire. C'est vrai qu'on progresse à vue d'œil, au bout d'un mois je communiquais bien mais encore à la française, et au bout de deux mois j'étais capable de parler avec plusieurs personnes en même temps dans un bar bruyant sans chercher mes mots.

2 Trouver un logement

2.1 casas dos estudantes

Trouver un logement à PoA … la première chose à savoir est que contrairement à en France, ici il n'y a pas de résidences étudiantes. Enfin, il y en a quelques unes, certaines réservées aux brésilien-nes, et toutes réservées aux étudiants les plus pauvres. Je peux quand même donner quelques indications, ça vaut le coup d'envoyer un mail vu que le prix va de 50 centimes de reals à 8 reals par jour …

  • la CEUFRGS : Casa do Estudante da UFRGS. Celle du centre, toute proche du campus du centre, à côté d'un centre de vie étudiant, le DCE, là où d'ailleurs il te faudra aller au moins une fois pour faire des papiers. http://www.ufrgs.br/ceufrgs/ il semble bien qu'ils offrent la possibilité de séjour temporaire, ce qui est ouvert à tout le monde. Voir la rubrique "hospedagem". Ils l'agrandissaient cette année donc elle est neuve.
  • la CEFAV : CE das Faculdades de Agronomia e Veterinária. Loin du centre-ville, proche du campus du Valle, loin de tout en fait il n'y a rien d'intéressant autour, possibilité d'hôte temporaire, 50 centimes par jour. Pas l'idéal, mais ça peut dépanner. http://www6.ufrgs.br/cefav/
  • la CEU http://paginas.ufrgs.br/sae/ celle de saude (je crois), aussi proche du centre-ville (vérifier s'il y a internet).

À étudier donc.

2.2 auberges de jeunesse (temporairement …)

Il est possible d'aller dans une auberge de jeunesse avant de trouver une colocation proprement dite. Voici deux adresses :

  • a Casa Azul : située dans la rue Lima e Silva, une des 3 rues de la cidade baixa pleine de vie le soir, elle est assez chère mais te plonge dans l'ambiance vu qu'elle fait bar jusqu'à 2 ou 3h du matin. R$30 la nuit dans le dortoir de 10, R$35 dans celui de 6, R$750 le mois. Internet wifi, un ordi fixe libre accès, cuisine libre service, petit déjeuner, chambres climatisées, mais ça tu t'en fiches, tu vas cailler en août^^
  • hostel Porto do Sol : juste un petit peu excentré mais bien placé vu qu'il est au coin sud-est du parc farroupilha (ou redenção). La cuisine est plus grande et il est plus calme malgré les 2 télés et la route à côté mais ça, c'est PoA. R$25 dortoir de 10 lits, R$500 le mois (correct), toujours propre, jeunes hôtes sympas, bon petit déjeuner, une très bonne solution à mon avis.
2.3 Un appart' !

Déjà, tu devrais recevoir le guide du logement du bureau des relations internationales de l'UFRGS, la Relinter. Dans ce document, des adresses de pousadas (c'est encore une autre solution pour le début, peut être pas mal), d'hotels, de sites internet et d'étudiants qui cherchent des colocs. Envoie-leur des mails et bonne chance, la concurrence est accrue.

Autre moyen, les sites internet tels que easyquarto, www.moracomigo.com.br ou www.aluguetemporada.com.br. ATTENTION ! Attention au fonctionnement d'easyquarto. Ils ont instauré cette année le système payant, donc les utilisateurs básicos sont limités à peu près comme ceci : si tu réponds à une annonce la personne va pouvoir lire ton message, mais elle ne pourra pas t'écrire en retour (en fait si, mais toi tu ne verras que le sujet pré-choisi du message tel que "seu anuncio é interesante !") d'où la nécessité soit d'appeler au numéro qu'elle aura penser à donner dans son annonce, soit à glisser ton adresse mail dans ta réponse de la forme toto AROBASE gmail PUNTO com (pour éviter le filtre automatique du site).

Note de dernière minute : hier soir j'ai discuté avec un brésilien qui avait posté une annonce sur easyquarto en octobre pour offrir une chambre. Il a reçu 400 réponses, de 30 à 40 par jour … … …

3 Histoires de sous

3.1 travelers cheques, CB, banque

La question est de comment diminuer ses frais au maximum. Les possibilités sont : traveler-cheques, carte bleue internationale, ouvrir un compte au Brésil.

3.1.1 traveller cheques

Je suis arrivé avec des traveller cheques car les frais sont moindres que de retirer avec ma carte bleue française. Tu es censé payer les frais de change quand tu achètes les chèques en France, et ne pas en avoir sur place, et de plus ils sont censés être faciles à changer, et seraient acceptés dans tous les (grands) magasins. Bon. je ne connais que deux endroits à PoA où il est possible de les échanger contre des reals. Ce n'est pas possible de les changer dans une banque commune, dans la Banco do Brasil de quartier. Il faut aller soit à la Banco do Brasil centrale, qui est au centre ville tout près du mercado público, soit au comptoir American Express (si tes cheques sont bien de l'American Express), qui n'est pas dans le centre ville, alors il faut trouver le bon bus :

 Endereço: Av. Carlos Gomes, 466 - Loja 09 - Edifício Centro Empresarial Quebec CEP: 90480-000 - Mont'Serrat - Porto Alegre - RS 

http://www2.americanexpress.com.br/conteudo/viagens/cambio.aspx

La Banco do Brasil prélève 20 dollars pour n'importe quel change (!!), et c'est sans frais supplémentairse à l'American Express.

3.1.2 carte bleue

Avec ma CB française je paie à chaque retrait car ma banque n'a pas de banque partenaire ici. Cependant c'est peut être viable si on fait de gros retraits à chaque fois … un copain faisait ça, un autre dit que le mieux est d'ouvrir un compte (en France) à la HSBC, avec laquelle les retraits au Brésil seraient sans frais.

3.1.3 ouvrir un compte

Sinon, ouvrir un compte ici ?

Il y a une floppée de banques (Banco do Brasil (BB), Banrisul, Santander, Itau, HSBC, …). Le mieux est d'ouvrir un compte à la Banco do Brasil (BB) (plus d'agences, plus de service, une agence sur le campus). L'ouverture de compte est gratuite. On a une carte, mais on ne peut pas utiliser la fonction crédit (car on ne reste qu'un an et ils ont peur qu'on reparte en leur devant des sous), donc on ne peut rien acheter sur internet (cependant, les sites internet peuvent proposer une option où on imprime un papier, on va au guichet automatique de la banque, on utilise le code barre et on paye là). La carte de la BB ne marche pas dans toutes les banques. De même la CB Fçaise ne passe pas dans toutes les machines, mais dans toutes les agences généralement on en trouve une (il faut juste ne pas s'acharner à rentrer son code :p ).

3.1.4 transferts

Quand tu fais un transfert France - Brésil, après quelques jours il faut aller à la Banco do Brasil pour autoriser le transfert. Sinon l'argent n'arrive pas sur ton compte (elle fait une étape à São Paulo, après avoir aidé à spéculer sur des fonds d'investissement, et attends l'autorisation de ta banque), et si tu tardes trop, il se peut qu'il reparte et que tu payes plusieurs fois les mêmes taxes et doives tout recommencer. Le temps de la transaction se compte en semaines (au moins deux).

Mon conseil est donc d'aller à la BB du campus, de retirer de l'argent et de le déposer aussitôt à la caisse, qui est à côté des distributeurs (et elle est bien gardée !).

Se faire remettre de l'argent par western union est plus cher mais immédiat.Cela coûte 30€ pour 500 euros, 40 pour 999 euros (contre 27 pour 1000 par un transfert normal avec la bnp). Le problème est de se retrouver avec beaucoup de liquide dans la poche. C'est une solution d'urgence.

j'ai trouvé la carte Flouss sur internet pour faire des transferts. Qu'est-ce que c'est ?

3.2 évaluer son budget

Désolé, mais : le Brésil n'est PAS un pays PAS cher. C'est le plus cher d'Amérique du Sud (sauf peut être avec le Chili).

Les loyers vont de R$350 à R$550, le RU à midi coûte R$1.30 ou 1.60 avec jus de fruit (quedal) (soit R$26 par mois), le bus coûte R$2.70 chaque trajet (moitié prix pour les étudiants avec la carte TRI), c'est super cher, surtout qu'il n'y a pas d'abonnement, carte 10 trajets, payer au moins, que dal. Ils ont augmenté le tarif de 2.45 à 2.70 pendant l'été. Comment font ceux avec peu de revenus pour se déplacer ? Quelqu'un qui va bosser, s'il doit changer de ligne en a pour 4*2.70 = R$10.80 par jour ! (ça nous fait dépenser à nous R$86 par mois) Mon budget courses est de ±R$210 par mois. Les """pâtisseries""" sont plus chères qu'en Fce; … Voyager en dehors de l'état revient vite cher, surtout parcequ'on doit remplir de longues distances (plus on va au nord moins c'est cher). Bus pour Florianópolis : R$70 l'aller, 8h de bus (tu te diras que ça va, mais les bus argentins sont mieux, mieux organisés et moins chers !).

La micro-électronique est chère, ce n'est pas ici qu'il faut en acheter, les porto-alegrenses vont en Uruguay. Chaussures de randonnée non plus (R$200 la paire qui ressemble à celles d'InterSport : un demi loyer !!)

Consolation : le prix du Kg de mangues :)

cours de pt : R$400 le semestre et à la policia federal, on paye qlq chose.

 

Mes comptes ne sont pas très précis, mais mon budget, sans compter les voyages, est environ de R$1400 par mois.

4 Électricité

Les prises sont de 110 ou 220 Volts, ça dépend. Il faut faire attention avec certains appareils ménagers, mais pour les PCs ça va vu que nos chargeurs supportent une tension de 100 à 240V (c'est marqué dessus).

Les prises sont différentes et il y en a de 2 types. Pour une, de temps en temps ça passe, de temps en temps il faut agrandir les trous (juste en détruisant un peu le plastique, c'est ce qu'avait fait un de mes colocs avec une perceuse). Dans tous les cas on trouve des adaptateurs facilement dans les supermarchés (R$5), donc ce n'est pas un problème.

5 Climat

Fin juillet-début août, c'est l'hiver, et regardez bien nous sommes bien bien au sud du continent. Il fait froid. Les courants de l'antarctique viennent nous dire bonjour et puis repartent. Amenez quelques vêtements chauds. Certes on connaît un froid plus coriace en France, mais ici les maisons ne sont pas équipées. Le froid ne dure pas longtemps, à mi-août le printemps reprends le dessus, mais les maisons sont aussi gelées qu'à l'extérieur, et les douches … le chauffage des douches est généralement électrique, donc, pas de réconfort sous la douche !

Donc on boit du chimarrão :)

6 Téléphone portable (ou pas)

Ils peuvent débloquer les puces de nos portables fçais pour pas cher, donc il vaut mieux amener le tien.

Je ne sais rien de plus (prix, …), vu que je n'en ai pas acheté.

Et j'ai survécu.

7 Choisir ses cours

on a 2 semaines environ, voir plus puisqu'on est étrangers et fçais, donc pas stresser cours culture brésilienne

7.1 cours de portugais

cours portuguais : R$400 le semestre, 3*2h se renseigner sur place (voir http://sites.google.com/site/secretariappe/disciplinas)

8 Finir ses papiers sur place

8.1 finir ses papiers

policia federal, cpf (voir les infos de la relinter)

8.2 cartão tri

Pour payer le bus moitié prix. Remplir une feuille au DCE, prendre un coupon, payer à une banque Banrisul exclusivement où la carte Banco do Brasil ne marche pas, et faire remplir sa carte au bureau de xxx rue uruguay au centre ville … bref, on se ballade.

9 Bus et vélo

9.1 prendre le bus

Le 343, D43, T8 (et autres) vont au campus du vale.

Appeller le 118 est gratuit et permet de parler avec un opérateur qui t'indique comment aller où tu veux à partir d'où tu es. Efficace, mais super exercice de portuguais ET de connaissance de la ville !

 

Ici il n'y a pas de cartes ou d'information quelconque sur les arrêts de bus :) Donc il faut demander au gens ("Bom dia, o D quatro três para aqui ?") Il me semble qu'on peut choper un gros dépliant avec cartes et itinéraires des bus aux informations touristiques au coin qui donne sur la place du mercado público. Cette information vaut de l'or !

Et une autre. Le site http://www.poabus.com.br/ a été créé par un étudiant français en informatique, qui en avait marre du manque d'informations et de réactivité des compagnies de bus, à l'aise dans leur monopole. Alors il a créé ce site, censé t'indiquer quel bus prendre de tel point à tel autre. Il y a des lacunes, mais on peut au moins voir les lignes des bus.

 

de l'aéroport, un taxi c'est tranquille et coûte ±R$20

9.2 acheter un vélo ?

Bon, il faut oublier les pistes cyclables confortables (et les vélos de location). Cependant bonne nouvelle, nous ne sommes pas à Rio de Janeiro !

Les brésiliens conduisent irrespectueusement, conduisent après avoir bu, il n'y a aucun aménagement pour les vélos, peu de place le long des avenues, ils laissent rarement la priorité, ils te frôlent, les chauffeurs de bus t'engueulent si tu roules dans leur couloir, les rues ne sont pas en ligne droite donc il est assez facile de s'égarer^^ … mais justement il y a qlq couloirs de bus, et euh …

 

Je persiste et signe, acheter un vélo est un bon plan, car cela raccourci bigrement les distances, te libère du bus, te fait gagner du temps et de la mobilité. Ne plus être dépendant du bus pour aller se balader, aller voir des ami-es, aller au ciné, est très appréciable. Au lieu de marcher jusqu'à l'arrêt de bus, d'attendre, de se faire ballotter, de marcher jusqu'à destination, ou de recommencer car tu t'es planté, tu prends juste ton vélo, t'amuses, fais un peu d'exercice et participes à la lute pour une vie meilleure !

 

Les vélos sont rares, donc … j'ai eu le mien (d'occasion) à R$180, je crois qu'il y a moins cher. On peut trouver pas mal de magasins le long de la João Pessoa.

10 idées de sorties, d'activités, sport, liens divers

10.1 sport
  • ESEF : instalations sportives de l'UFRGS, près du bourbon ipiranga. Piscine, sports collectifs, pour pas cher voir gratuit.
  • PUC : installations sportives
  • piscine : pas de piscine municipale; elles sont privées ou appartenant aux université. Voir les installations sus-citées.
  • tennis : cours libre d'accès sur la rue 24 de outubro ? (peu de monde joue et c'est considéré assez chic)
  • rugby : charuah rugby (desdeoingoal.blogspot), entraînements au parc de la redenção
10.2 cinéma
10.3 évènements culturels
10.4 manger
  • buffet livre da pucr, de la redenção, …

11 voyager au Brésil et en Amérique du Sud

  • la maison de l'urfgs près de la plage à tramandai (ça peut être cool de réserver longtemps à l'avance pour les fêtes de fin d'année ?)
  • guide O Viajante sur le Rio Grande Do Sul. Infos à trier.

    Tu seras en vacances de mi-décembre à début mars c'est à dire près de trois mois. A bon entendeur, salut !

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partir étudier à Porto Alegre, Brésil (ufrgs)

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 10:58
Eeeet ça y est, je suis rentré de deux mois et demi de vacances estivales, de voyage. J'ai crapahuté en Uruguay, en Argentine, en Bolivie et autour de Cusco, Pérou. La vie sur la route est une vie pleine :)

Et puis je suis revenu à Porto Alegre, déjà depuis deux semaines, pas trop enchanté pour être honnête, un peu fatigué (par exemple de retrouver le bruit, les bus et le feijão), même si plus de deux mois de voyage est très satisfaisant. J'ai été choqué d'apprendre la nouvelle choc de cet été, un groupe de cyclistes qui participaient à une Masse Critique le 25 février a été défoncé de la queue à la tête par une voiture. Sur la vidéo on peut voir les cyclistes voler. Heureusement aucune mort n'est à déplorer (mais 8 personnes ont été amenées d'urgence à l'hôpital). C'est pour cela que j'ai vu pour la première fois de l'année des policiers effectuer des tests d'alcoolémie. Plus d'infos sur le site de la Massa Crítica de PoA. Par contre ce qui fait plutôt rire c'est d'apprendre que la municipalité a le projet de construire un métro pour la coupe du monde de football de 2014 ! Les travaux n'ont pas commencé^^ De manière générale les budgets des travaux explosent et les retards se creusent. Certains disent que le Brésil ne va pas y arriver et que du coup la coupe se passerait en Allemagne^^

En attendant de voir si je peux mieux parler de ces sujets, je propose un retour si ce n'est en fanfare, en musique :)


1 Maria Bethânia, MPB (Musique Populaire Brésilienne)

Née en 1946 à Bahia, avec une floppée de CDs quasiment tous les ans depuis 1966, c'est une des plus grandes -deuxième artiste en termes de ventes de disques au Brésil.

 

 

Discographie en torrent : http://thepiratebay.org/torrent/4302494/Maria_Bethania

Il existe aussi un documentaire sur elle, parfait pour la découvrir; il s'appelle "Música é perfume".

2 Roberto Carlos, le Julio Iglesias brésilien.

Et bien le voilà, le premier vendeur de disques ! Entre 1961 et 1998 il en a sorti un chaque année … il est toujours présent, il a reçu un grand prix rcemment et une école de samba de Rio (Beija-Flor) lui a rendu hommage cette année. On l'appelle Le Roi (O Rei). Il aurait commencé par faire du rock …

Un tube parmi je ne sais combien d'autres : (j'ai fait exprès de choisir un des seuls qui ne parle pas d'amour ! et encore)

 

Amazonia, 1989

 

 

les paroles

3 Antonio Carlos Jobim, bossa nova

Wave, titre d'ouverture de l'album du même nom de 1967

note : la version studio est plus riche musicalement

 

 

direct dl rapidshare de l'album "Wave"

torrent discographie complète (on peut choisir les albums qu'on veut)

4 Tim Maia, soul, funk, disco rock

Bom Senso, 1974, disque Racional vol. 1

source : letras.terra.com

Apperçu et critique de sa discographie.

 

Apprécions la reprise et la voix de Seu Jorge :

 

discographie torrent

direct dl Racional vol. 1

direct dl Racional vol. 2

 

 

Et maintenant, si ce n'est pas déjà fait vous montez le son ! Je vous mets juste des liens d'artistes que je découvre toujours avec la webradio groovalizacion, trop coole !

5 3 na massa avec Lurdez da Luz : Sem Fôlego (fôlego > haleine, souffle)

Tres na massa est un groupe de trois musiciens (2 venants de Nação Zumbi) avec beaucoup de participations féminines (chanteuses et actrices connues).

avec les paroles.

 

direct dl 3 na Massa

direct dl Lurdez da Luz

6 Quantic and his Combo Barbaro - mas pan (dj day remix)

site du projet ah mince, en fait ils ne sont pas brésiliens, mais qu'importe ! Ils sont anglais-latino-américains et basés à Cali, la 3e plus grande ville de Colombie. L'homme à la base de nombreux projets entre-liés est le multi-instrumentiste, DJ, compositeur et producteur anglais Will Holland, mieux connu sous le nom de Quantic. Après une fructueuse carrière en Angleterre en compagnie du Quantic Soul Orchestra, il s’installe en Colombie en 2007 pour se rapprocher des rythmes et des sonorités qui l’inspirent. Il s’associe alors avec de talentueux musiciens latinos comme le pianiste péruvien Alfredito Linares, le batteur jamaïquain Conrad Kelly et les vocalistes locaux Markitos Micolta et Nidia Góngora. Depuis Cali, il lance en 2008 le projet Flowering Infierno en compagnie de ces musiciens, un délicieux mélange de cumbia de salsa mixé à la sauce jamaïquaine, avec des basses profondes et des effets inspirés du Dub. Un mélange de styles qui voyage dans par mont et vallées, depuis les hauteurs de la Colombie jusqu’aux iles caribéennes.

Ici, il s’est associé à des musiciens locaux pour créer le « Combo Bárbaro ». L’album comprend également des participations d’artistes panaméens, brésiliens et même indiens. lire plus

 

Et enfin, remuez-vous :)

7 Mogli, Baloo, e somente o necessário

 

Riche écoute !

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4 janvier 2011 2 04 /01 /janvier /2011 18:42

Oi pessoal,

tudo bem ? Tudo beleza ?

Feliz ano novo !

Eu queria só dizer que estou de ferias até o inicio de março. Vou viajar pela Argentina e ao redor :) Então, nos vemos em março 'ta ?

(je suis en vacances jusqu'en mars. Je vais voyager en Argentine et environs :) ainsi, on se voit en mars !)

 

Tout comme le directeur de l'UFRGS, université publique et même pas catholique (la PUCR, privée, l'est, catho), je vous souhaite une bonne nouvelle année :

 

ufrgs.jpg

 

 

Pour finir l'année en beauté, je propose une dernière chanson : montez le son et éteignez les lumières !

 

Maria Rita - Minha Alma (A paz que eu não quero) (mon âme) (la paix que je ne veux pas)

(ne pas confondre avec Rita Maria qui, je l'ai vu hier en revenant de Florianốpolis, est une chaine de magasins et stations essences :/ )

 


 

A minha alma
Está armada e apontada
Para a cara do sossego
Pois paz sem voz
Não é paz, é medo

Às vezes eu falo com a vida
Às vezes é ela quem diz
Qual a paz que eu não quero conservar
Pra tentar ser feliz

As grades do condomínio
São pra trazer proteção
Mas também trazem a dúvida
Se é você que está nessa prisão

Me abrace, me dê um beijo
Faça um filho comigo
Mas não me deixe
Sentar na poltrona
Num dia de domingo

Procurando novas drogas de aluguel
Nesse vídeo coagido
É pela paz que eu não quero seguir admitindo

 

Tchaú !

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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 04:18

Globalement, les jeunes s'impliquent moins que leurs aînés dans le budget participatif. En 2000, seuls 17% des participants étaient âgés de moins de 25 ans. Je vous passe les explications théoriques, que l'on devine cependant en écoutant Paulinho.D'après moi, vous devriez lire les témoignages dans l'ordre : d'abord écouter Antônio le papeleiro, puis Eleonora, présidente d'une association culturelle, piquée par le processus !

Ainsi comme j'allais le dire, Paulinho, le "petit Paul" du Centre, comme le surnomment ses collègues du budget participatif, n'avait pas plus de 24 ans quand un fonctionnaire de la mairie est entré dans la vila Renascenca I, quartier Menino Deus. "Je l'ai regardé en me demandant ce que ce blanc venait faire ici", raconte-t-il. "Il venait en fait expliquer à la communauté que celle-ci devait s'organiser pour entrer dans le budget participatif. Il connaissait une femme qui a décidé de monter une liste pour remporter les élections de l'association d'habitants, à l'époque essentiellement menée par des personnes affiliées à des partis d'opposition et qui ne croyaient pas au processus. Comme j'étais copain avec tout le monde, elle m'a invité à faire partie de la liste, en tant que candidat à la vice-présidence. J'ai accepté mais je l'ai bien prévenu : tu peux mettre mon nom mais je ne ferai rien de plus."" Paulinho, à ce moment-là, ne savait pas qu'il venait de mettre le doigt dans l'engrenage.

 

Un processus de développement personnel

 

Lui qui, comme il en plaisante aujourd'hui, ne s'occupait que de foot, de samba, de fêtes et de churrasco, avait une faiblesse : sa mère. "Elle est domestique et elle nous a élevé au prix d'une vraie lutte. On habitait dans un quartier bien plus dangereux et quand on est arrivé dans la vila Renascenca I, cela nous semblait déjà un luxe. Les efforts qu'elle a faits pour nous, je m'étais juré de l'en récompenser un jour." Alors quand la liste sur laquelle son nom figurait a remporté les élections et que la nouvelle présidente lui a fait miroiter la possibilité, par le budget participatif, d'assurer la régularisation et l'urbanisation de la vila, Paulinho a plongé. "J'ai pensé que je pourrais garantir le terrain de ma mère", explique-t-il. C'est ainsi qu'il s'est retrouvé, sous la pression de l'association et sans l'avoir jamais envisagé auparavant, délégué pour le budget participatif.

 

"Barbariedade"1, éclate-t-il de rire. "Je n'avais jamais rien voulu savoir de la politique et je me suis retrouvé là, tous les mardis, dans les réunions du forum de délégués. Quand je suis arrivé là-dedans, ça a été une vraie confusion. Tellement de gens. Tout le monde parlait en même temps et moi, je ne comprenais absolument rien de ce qui se disait. Je ne connaissais rien au budget participatif, rien à la politique, j'étais là simplement parce qu'on m'y avait envoyé et parce que je voulais assurer la terre de ma mère. Je les regardais parler, parler … et je me demandais ce que je faisais là. Barbariedade. Il m'a bien fallu un an pour apprendre. Et pendant tout ce temps, la présidente de l'association ne m'a pas lâché. "Tu dois y aller, tu dois y aller, tu dois y aller". Elle insistait tellement que je ne pouvais plus la supporter. Quand je la voyais venir vers chez moi, je me cachais." Puis un jour, Paulinho a fait le grand saut, et a pris la parole. "Barbariedade, mes jambes tremblaient tellement. "Bonsoir, je veux dire que je ne sais pas quoi dire". J'ai fait tout un discours en m'excusant de prendre la parole." Le premier pas était franchi. "Peu à peu, tu commences à comprendre comment les choses fonctionnent et tu en viens à parler naturellement."

 

En 1995, la demande de régularisation de la vila Renascenca I a été retenue parmi les priorités du secteur et inscrite au plan d'investissements. L'année suivante, Paulinho a été élu conseiller populaire suppléant de l'arrondissement du Centre. L'angoisse de nouveau : "Je n'avais jamais dirigé une réunion. Je suis resté un an paralysé à côté des titulaires, à compter les minutes des interventions de chacun : deux minutes, une minute, conclusion … Je n'ai rien fait d'autre." Fatigué et convaincu d 'avoir rempli sa mission, il décide alors de revenir à ses occupations premières : foot, fête et samba. Pas pour longtemps. "J'avais l'impression qu'il me manquait un bras. Je sentais un vide, je ne savais plus quoi faire. Au bout d'un an, je ne supportais plus, il a fallu que je revienne dans le processus", explique-t-il. Il y est tellement bien revenu qu'en 2002, il a été élu conseiller titulaire du Centre. "Aujourd'hui, je sais que c'est mon chemin. J'aime discuter et transmettre les connaissances que j'ai acquises. Et je suis tellement heureux comme ça, tellement heureux. J'ai déjà perdu une famille, je me suis séparé à cause de ce travail volontaire, mais c'est ce que j'aime. Ma mère, l'autre jour, discutait avec ma copine pour savoir comment elles allaient me tirer de la politique. Mais je le leur ai dit que c'était impossible. J'ai trop appris à travers cette expérience."

 

Un savoir qui dépasse largement le cadre du budget participatif. "Avant je regardais la télévision sans comprendre. Je regardais, par exemple, les films de Chaplin pour le côté comique mais je ne comprenais pas le message, ce qu'ils voulaient dire. Aujourd'hui, la télévision ne m'attire plus autant. Si je la regarde, c'est simplement pour suivre les informations. Depuis que je suis entré dans le budget participatif, j'ai commencé à découvrir des choses qui ne faisaient pas partie de mon monde", explique Paulinho. "J'ai appris ce qu'étaient le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, j'ai appris ce qu'était la culture, j'ai appris aussi que je suis noir. Avant, pour moi, la discrimination était naturelle. Mais aujourd'hui je n'accepte plus certaines choses, j'exerce mes droits de citoyen dans toutes les situations. J'ai appris à écouter et à lire. J'ai appris enfin que la vie des riches est meilleure que la nôtre, qu'ils mangent bien, qu'ils s'habillent bien. Nous, nous vivons avec les cafards et les rats, le froid passe à travers nos habits, nous mourrons à la porte des hôpitaux parce que nous n'avons pas les moyens de payer un grand spécialiste ou un bon traitement. Le budget participatif m'a fait voir tout ça et j'ai compris que je devais me tirer en courant de ce trou." Paulinho a repris ses études. En 1995, il était sorti de l'école, après avoir tout juste complété le premier niveau2. En 2002, il entame le quatrième semestre d'une formation universitaire en histoire. "D'autres, dans mon entourage suivent mon exemple et ceci est gratifiant. Il faut que les gens accèdent à une autonomie, d'abord individuelle puis collective. C'est le seul moyen d'améliorer la société."

 

En effet, les cheminements individuels que le budget participatif permet se rejoignent pour donner naissance à une nouvelle dynamique modifiant jusqu'aux rapports que les membres d'une même communauté entretiennent les uns avec les autres. […] Par le processus, des amitiés se nouent peu à peu. Ce n'est pas seulement pour travailler au bien de la communauté que l'on laisse la novela3 du soir. C'est aussi parce que l'on a plaisir à se retrouver, à discuter, à plaisanter. On se connaît mieux parce qu'on a en commun une chose importante : le budget participatif. On en vient à se rencontrer pour d'autres occasions : une fête, un churrasco, une pièce de théâtre, un atelier de littérature. Cette complicité nouvelle rend chacun plus ouvert à l'autre, plus généreux, et c'est en ce sens que, tout aussi important que le développement personnel, le processus permet un développement collectif des communautés et des mouvements sociaux.

 

 

 

1 littéralement : "barbarie !" pour ponctuer les phrases et exprimer la surprise, l'admiration, l'indignation ou l'amusement. On peut la réduire à un simple "Ba !" [qui est pour sa part énormément dit ! (mais seulement en terre gaúcho, attention) ]

2 premier niveau (primeiro gral) : l'enseignement est divisé en deux grandes étapes : l'enseignement fondamental de 7 à 15 ans et l'enseignement moyen, de 15 à 18 ans. A sa sortie, ils tentent le vestibular afin de rentrer à l'université [mais les places sont limitées, même pour l'UFRGS, Université Fédérale du Rio Grande Do Sul, gratuite.]

3 série télévisée populaire brésilienne [qu'on ne peut regarder sans vomir. Lire & voir telenovelas]

 

Tadam, c'est fini, et j'espère que comme moi vous avez été surpris par certaines choses qu'ils disent. N'oubliez pas que ce témoignage a été honteusement pompé d'un très bon livre paru aux éditions Syllepse. Je vais évidemment reparler du budget participatif, mais dans longtemps, alors si j'étais vous j'achèterais le livre, m'enfin c'est autant que deux places de ciné et ça vous occupe plus longtemps, temps de lecture et de cogitation compris. C'est l'ONG Solidariedade, qui regroupe des conseillers et des délégués du budget participatif, qui en est à l'origine. Les textes et les témoignages sont le fruit de débats collectifs et ont été mis en forme par la journaliste Estelle Granet qui a séjourné à Porto Alegre à l'invitation de Solidariedade. Des photos de Jacques Winderberger donnent des visages aux paroles des acteurs de ce livre.

Ce livre est un choc, mais ce livre est peu distribué. N'hésitez pas à le commander à votre libraire préféré !
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" Une syllepse est une forme grammaticale qui privilégie les accords fondés sur le sens plutôt que sur la règle…"

 

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 16:33

A Porto Alegre, depuis 1989, la population a la possibilité de s'impliquer directement dans les prises de décision concernant les priorités budgétaires de la ville : c'est le budget participatif.

 

Avant d'entendre un nouveau témoignage, rattrapez votre retard si vous êtes passé à côté (presque comme moi ...) du fait que fin novembre il y a eu des affrontements énormes entre des gangs des favelas de Rio et la police, appuyée par l'armée qui a utilisé des parachutistes, des chars blinbés et des hélicoptères (!!!) (dont un a été abattu !). Voir CourrierInternational. A peu près au même moment sortait Tropa de Elite 2 (dont vous connaissez déjà le premier), un phénomène plus fort qu'Avatar ici au Brésil.

Et sinon, cette semaine il a fait chaud, mais normal. Aujourd'hui ... l'air brûle, outch. Il faut arriver à fuir à la plage pour les vacances d'été / de Noël, comme le feront tous ceux qui le peuvent en allant majoritairement à Florianópolis. Malheureusement le lac Guaiba n'est -ouhlà non- pas baignable, mais peut être d'ici à 2020 grâce au budget participatif ? Ah oui, revenons à notre sujet.

 

Comment est-il né, ce budget participatif ? Les gaúchos ont-il un passé d'engagement politique ? Quelle a été l'influence de la dictature sur les esprits ? Le budget participatif est-il réellement assujetti au Parti des Travailleurs ? (les débuts datent d'avant Lula) Pourquoi n'a-t-il pas aussi bien marché lors de ses tentatives d'implentation dans d'autres villes brésiliennes ? Comment fonctionne-t-il ? Quel poids a-t-il face à un pouvoir habituellement opaque et corrompu ? Toutes les couches de la population y prennent-elles part ? Et les jeunes ? Quelles ont été ses retombées concrètes ?  A-t-il uniquement servi les intérêts partisans des quartiers ou ces derniers ont-ils appris à voir plus large tout au long de leur engagement ? Quelle est son image relayée par les médias dominants ? Quelles sont ses limites ? Quels sont ses nouveaux défits ? Quelle a été la situation quand le PT a perdu la mairie au profit d'un candidat de droite ? Existe-t-il de par la seule volonté du maire ? Qu'en est-il maintenant que le PT a regagné la mairie en octobre ? Que peut-il nous inspirer, à nous qui n'avons pas besoin de réclamer le bétonnage d'une route?

 

En guise d'introduction à ce vaste sujet, nous avons déjà entendu le témoignage d'Antônio le papeleiro (lisez-le en premier, je trouve que les deux -bientôt trois- témoignages ont une continuité !).

On pourrait se demander, normal, ce qui pourrait bien nous pousser à aller perdre notre temps dans des réunions à rallonge. Eh bien, "Nous sommes entrés dans le budget participatif parce qu'il n'y avait pas d'autre moyen pour obtenir des aménagements, parce que si tu veux quoi que soit tu es obligé d'en passer par là", résume Carlos Eloi Lima, ex-conseiller populaire pour l'arrondissement Sud. Ce constat, les classes moyennes l'ont fait et c'est souvent pour cette raison que, d'abord indifférentes au processus, elles ont lentement commencé, à partir des années 1994-1995, à s'y intéresser un peu plus. "Au début, les préjugés étaient très forts".

 

Les classes moyennes dans le processus

[...]

 

"Les classes riches avaient un accès direct au cabinet du maire et à la Chambre municipale. Quand le budget participatif a commencé, elles ont refusé de s'asseoir à la même table que ceux qu'elles considéraient comme des envahisseurs de terrain." Mais, les années passant, les "vilas" ont commencé à récolter les fruits de leur mobilisation. "Voirie, canalisations d'eau, égouts …. nous avons réussi à tout obtenir, chaque année un petit peu", raconte Jorge Urruth, à propos du quartier Hípica. "Après le premier mandat d'Olívio Dutrá 1, les classes moyennes ont compris qu'elles devaient participer, sans quoi elles ne bénéficieraient d'aucun investissement. Alors elles ont commencé à intégrer le processus." La création des thématiques a amplifié ce phénomène. "Les questions dont elles traitent, englobant les problèmes de la ville comme un tout, correspondent plus à leurs préoccupations." Malgré tout, la participation des classes moyennes reste encore limitée. D'une part, parce que les besoins sont évidemment moins importants que dans la branche plus défavorisée de la population, d'autre part parce que la cohabitation ne coule pas toujours de source. Eleonora Rizzo, par exemple, en a fait l'expérience.

 

http://poavive.files.wordpress.com/2008/04/img_1448.jpg

l'ancienne usine chimique du Gasômetro, niche d'associations culturelles et d'évènements en tout genre


 

"J'étais présidente de l'association des amis de l'usine du Gasômetro, qui est un grand centre culturel populaire, un espace merveilleux", raconte-t-elle. "Nous avions plusieurs besoins : éclairage, stationnement, ligne de bus, borne de taxi et principalement un projet de théâtre. Mais nous avions énormément de difficultés à obtenir quoi que ce soit.". À l'invitation d'un ami, Eleonora a alors décidé de tenter sa chance par le biais du budget participatif. "Avec un représentant du Secrétariat municipal de la culture, le directeur du Gasômetro et quelques membres de l'association, nous nous sommes rendus dans une réunion du forum de secteur Centre et nous avons présenté nos besoin aux délégués. Mais ils nous ont extrêmement mal reçus, comme si nous intervenions dans quelque chose qui ne nous regardait pas", se souvient-elle. "Ils luttaient quotidiennement pour ce dont ils avaient besoin et ils nous ont vus comme des gens qui arrivaient là pour récupérer une partie des ressources destinées aux quartiers. Après, j'ai compris qu'il existe tant d'autres problèmes que c'est difficile d'obtenir de l'argent pour construire un théâtre quand en face il manque l'assainissement de base. Mais sur le coup, j'ai eu l'impression d'être mise au défi. Un délégué m'a dit : "Si tu veux ça, viens participer effectivement, ne viens pas seulement demander quelque chose et croire que nous allons le voter". Alors j'ai répondu : "Je vais venir, et je vais même venir avec quatre autres délégués de l'association.""

 

Ce qui fut dit fut fait et, dès l'année suivante, la culture, pour la première fois, a été retenue parmi les priorités du secteur Centre, "avec le théâtre Elisa Regina et y compris grâce aux votes des habitants de rue". Une conquête incroyable pour Eleonora Rizzo, une vraie revanche sur son premier contact avec le forum des délégués. Mais déjà, elle ne pensait plus à cela. "Car je suis tombée amoureuse du budget participatif, de cette manière de gérer la ville, des débats que cela provoque alors que nous sommes, en général, plutôt habitués à discuter avec des gens dont nous connaissons déjà plus ou moins le discours et les idées", dit-elle aujourd'hui. "En principe, tu sais où tu vas, tu sais qui est pour, qui est contre. Mais le budget participatif est un exercice de démocratie bien plus fort parce que tu travailles avec ton contraire, un contraire que tu ne connais absolument pas mais que tu dois respecter. Cela donne des dialogues extrêmement difficiles au début mais qui ensuite te confèrent une sensibilité nouvelle. Le budget participatif a changé ma vision de la ville, ma façon de la penser dans toutes ses dimensions et non pas seulement par rapport à ce qui m'intéresse. Je me sens plus généreuse aujourd'hui avec Porto Alegre."

 

Combien se seraient découragés, n'auraient pas insisté plus loin que la première réunion ? C'est peut-être par défi qu'Eleonora Rizzo, en femme d'affaires habituée au succès [propriétaire de restaurants], a d'abord décidé de persévérer. Puis la passion est venue. Mais malgré cela, elle comprend les résistances de nombre de ses concitoyens à s'impliquer dans un processus exigeant en temps et en énergie. "Je crois que les classes moyennes et hautes auxquelles j'appartiens ne sont pas séduites par ce genre de proposition. C'est une catégorie sociale moins revendicatrice et qui, même si elle a des besoins, participe difficilement aux associations de quartier. Nous sommes très désunis, nous attendons sans aller chercher les choses", analyse Eleonora. "Le budget participatif, au contraire, demande une implication forte, une disponibilité. Il faut être ouvert à des points de vue en total désaccord avec ce que tu penses et les gens ne sont pas très préparés à ça, à cette nouvelle division du pouvoir, à cette cohabitation. C'est aussi parce qu'ils n'ont pas tant de besoins. Mais même quand ils en ont, ils préfèrent utiliser d'autres voies, qui sont les leurs, comme les fédérations professionnelles par exemple." Des voies par lesquelles il leur semble plus facile d'obtenir gain de cause, alors que l'image du budget participatif reste, au sein des classes sociales les plus hautes, celle d'un outil destiné aux communautés défavorisées ou, pire, d'un simple instrument politique du Parti des travailleurs.

 

Une idée préconçue contribue en effet à éloigner certaines personnes du processus. […] [En fait,] contrairement à l'idée répandue dans la presse et au sein de l'opposition, les militants du PT ne sont qu'une minorité au sein du budget participatif. "Il est vrai cependant que beaucoup de participants, en connaissant de plus près le processus, adhèrent à l'idée de démocratie participative défendue par le Parti des travailleurs car ils vérifient concrètement combien est passionnante cette expérience citoyenne consistant à décider pour sa ville. Dans un pays où les journaux rapportent sans cesse des scandales de corruption avec l'argent public, la possibilité de contrôler directement le budget, sans intermédiaire, peut convaincre les sceptiques que le processus va bien au-delà de simples intérêts partisans".


1 maire de Porto Alegre pendant 16 ans (4 mandats), à partir de 1988.

 

Ce témoignage a été honteusement pompé d'un très bon livre paru aux éditions Syllepse. C'est l'ONG Solidariedade, qui regroupe des conseillers et des délégués du budget participatif, qui en est à l'origine. Les textes et les témoignages sont le fruit de débats collectifs et ont été mis en forme par la journaliste Estelle Granet qui a séjourné à Porto Alegre à l'invitation de Solidariedade. Des photos de Jacques Winderberger donnent des visages aux paroles des acteurs de ce livre.

Ce livre est un choc, mais ce livre est peu distribué. N'hésitez pas à le commander à votre libraire préféré !
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" Une syllepse est une forme grammaticale qui privilégie les accords fondés sur le sens plutôt que sur la règle…"
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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 04:19

Salut,

 

A Porto Alegre, depuis 1989, la population a la possibilité de s'impliquer directement dans les prises de décision concernant les priorités budgétaires de la ville : c'est le budget participatif.

 

Comment est né le budget participatif ? Les gaúchos ont-il un passé d'engagement politique ? Quelle a été l'influence de la dictature sur les esprits ? Le budget participatif est-il réellement assujetti au Parti des Travailleurs ? (les débuts datent d'avant Lula) Pourquoi n'a-t-il pas aussi bien marché lors de ses tentatives d'implentation dans d'autres villes brésiliennes ? Comment fonctionne-t-il ? Quel poids a-t-il face à un pouvoir habituellement opaque et corrompu ? Toutes les couches de la population y prennent-elles part ? Et les jeunes ? Quelles ont été ses retombées concrètes ? Le lac guaiba sera-t-il vraiment baignable en 2020 ? A-t-il uniquement servi les intérêts partisans des quartiers ou ces derniers ont-ils appris à voir plus large tout au long de leur engagement ? Quelle est son image relayée par les médias dominants ? Quelles sont ses limites ? Quels sont ses nouveaux défits ? Quelle a été la situation quand le PT a perdu la mairie au profit d'un candidat de droite ? Existe-t-il de par la seule volonté du maire ? Qu'en est-il maintenant que le PT a regagné la mairie en octobre ? Que peut-il nous inspirer, à nous ? Tous leurs problèmes nous sont-ils étrangers ?

 

En guise d'introduction à ce vaste sujet, entendons quelques témoignages.

 

Antônio le papeleiro

 

Je vous ai déjà évoqué les "vila" de Porto Alegre, n'est-ce pas ? (post sur Rio par exple)

 

contraste-porto-alegre.png

auteur : Bruno Alencastro, sur flickr


Vila do chocolatão. 98% des habitants y sont "papeleiros". De jour comme de nuit, ils arpentent les rues de la ville, à la recherche de déchets recyclables. Jeunes ou vieux, en charette à bras ou de temps en temps en calèche, le matin quand je vais à l'arrêt de bus ou la nuit quand je reviens d'une soirée, je les croise en train de travailler, en train d'entasser papier, carton ou canettes de fer qu'ils ramènent chez eux puis revendent à des entreprises de recyclage, en échange d'une paye de misère. Antônio le papeleiro est arrivé dans cette vila en 1987. "Parcequ'après 45 ans, un homme n'est plus bon qu'à jeter", explique-t-il. "Moi, j'ai fait un tas d'enfants, j'en ai douze. J'ai toujours travaillé dans l'économie informelle. J'ai eu des stands de fleurs, de fruits … Mais je gagnais de moins en moins d'argent, je commençais à étouffer. Alors je suis venu ici, pour travailler avec les papiers. C'est dur. Quand je reviens du centre-ville, je marche environ 3 km et le chariot est lourd à tirer. Mais plus il est lourd, plus je suis heureux, parceque cela signifie plus d'argent. En moyenne, je gagne entre 50 et 60R$ par semaine (déc 2010 : 1 € ±= 2.30R$, 1R$ ±= 0.43€). C'est moins qu'un salaire minimum mais ça permet de manger. On n'a pas de bonne nourriture c'est sûr, mais au moins on a le ventre plein." Cela peut-il suffire ? Certainement non. Alors, c'est pour améliorer ses conditions de vie et celles des papeleiros qu'Antônio, un jour, est entré dans la lutte.

 

vila-porto-alegre.png

 

Sa première tâche aura été de constituer une association d'habitants pour tenter de peser plus au sein du budget participatif. En 1999, il a été élu délégué représentant de sa communauté. Depuis, "tout a changé", assure-t-il. "Avant, j'habitais dans une seule pièce. Il y avait un espace pour mettre la cuisinère, un placard, la télévision, et rien d'autre. Je dormais avec ma femme en haut du lit et les enfants restaient en dessous." Aujourd'hui, il a poussé les murs et construit deux chambres. "C'est une vraie maison, commente-t-il avec fierté. Tout a changé également pour la communauté. Par le biais du budget participatif, elle a obtenu la régularisation foncière de la vila, l'urbanisation du site et la construction de maisons pour le relogement de toutes les familles. Un local communautaire, une place, une aire sportive seront également aménagés. Enfin, un point de recyclage sera construit pour éviter le dépôt des ordures à l'entrée ou à l'intérieur des habitations. "Après le travail, on aura une petite maison toute propre, toute jolie, avec un café, sans la préoccupation de passer les verres sous l'eau avant de boire à cause des cafards. On pourra laisser la nourriture dans l'armoire et les rats ne viendront pas y toucher. Il n'y aura pas de rats. C'est de ça que tout le monde rêve", s'enthousiasme Antônio.


Sa lutte pour le budget participatif est sans doute ce qui est arrivé de mieux dans la "vila dos papeleiros". "Je ne pense pas qu'un homme politique, sans sentir une pression va faire quoi que ce soit pour le peuple. Alors on doit se mobiliser pour faire respecter nos droits. Si on savait tous les droits que l'on a, la vie serait bien meilleure." Avec le temps, Antônio a appris à voir le monde de façon différente. "J'ai appris que le peuple, quand il est uni, est fort. J'ai appris que je pouvais parler. La première fois que j'ai pris la parole dans une rénion du budget participatif, la première fois que je me suis trouvé en face du micro, j'ai eu l'impression d'être une petite fourmi au milieu d'une foule d'éléphants. Je me sentais tellement minuscule. Mais je connaissais les besoins de ma communauté alors j'ai laissé la timidité de côté et j'ai commencé à parler. J'ai parlé avec le cœur, de la vie ici, où même un chien ne voudrait pas vivre. Et ça a eu un tel impact …".


Au-delà des conquêtes matérielles, Antônio a modifié jusqu'à l'image même des papeleiros. "Plus nous ramassons d'ordures et de papiers, moins les rivières sont polluées, moins les arbres sont coupés", explique-t-il. "Nous sommes les petits qui travaillons pour la nature et elle nous remercie. Parfois il me semble que la pluie s'arrête au moment où je pars avec mon chariot. Maintenant, j'aime ce travail et, par le budget participatif, j'ai pu le valoriser, nous valoriser en tant que personnes, en tant que travailleurs."

En 2002, Antônio a été invité à se présenter à l'élection des conseillers populaires du budget participatif. Il n'a pas voulu. Manque de temps, manque de moyens financiers pour se consacrer à cette tâche. "Quand je vais dans des réunions, je ne peux pas travailler autant. Quelqu'un de la vila sort à ma place, pour me donner un cuop de main. Mais ce n'est jamais pareil." Pour autant, il ne quitte pas le processus. "Aujourd'hui, c'est pour les enfants que je me bats. Moi tout seul je n'ai besoin de rien, je peux dormir sous un pont, sous un viaduc. Mais les enfants ? C'est pour eux que je lutte, pour les petits qui sont le futur de ce monde, pour leur donner une culture, un avenir."

 

 

Ce témoignage a été honteusement pompé par un moine copiste d'un très beau livre paru aux éditions Syllepse. C'est l'ONG Solidariedade, qui regroupe des conseillers et des délégués du budget participatif, qui en est à l'origine. Les textes et les témoignages sont le fruit de débats collectifs et ont été mis en forme par la journaliste Estelle Granet qui a séjourné à Porto Alegre à l'invitation de Solidariedade (le texte reste simple, très clair pour expliquer les choses techniques, et est très touchant. C'est très bien écrit). Des photos de Jacques Winderberger donnent des visages aux paroles des acteurs de ce livre (on y côtoie Antônio !). Les deux photos ci-dessus ne font pas partie du livre.

Ce livre est un choc, mais ce livre est peu distribué. N'hésitez pas à le commander à votre libraire préféré !
http://ecx.images-amazon.com/images/I/516MGQZS30L._SL500_AA300_.jpg
Sinon, envie de voir des photos du centre-ville de Porto Alegre ?
A méditer :
" Une syllepse est une forme grammaticale qui privilégie les accords fondés sur le sens plutôt que sur la règle…"
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24 novembre 2010 3 24 /11 /novembre /2010 02:20

Je vous propose de regarder L'Ile aux Fleurs (Ilha das Flores), un court métrage de Jorge Furtado, réalisé en 1989. C'est peut être le 2e film dont les brésiliens croisés en France m'ont le plus parlé. En plus le réalisateur est de l'état du Rio Grande Do Sul (l'état de Porto Alegre), donc les gens d'ici me l'ont encore plus cité. C'est vrai que ce court est très connu, car il a énormément circulé, pendant longtemps, et a gagné plusieurs prix (17 prix, dont un ours d'argent à Berlin en 1990 par exple). Ici il est parfois étudié à l'école, donc il fait carrément partie du patrimoine. En fait, c'est un film culte !
  Par contre, quand je demandais de quoi il traite, j'avais des réponses vagues ... et moi je ne vais pas savoir mieux expliquer ... tant mieux, il vaut mieux vous laisser le plaisir de la découverte. En gros c'est l'histoire d'une tomate, de Mr Suzuki, du monde, de cochons et de l'île aux fleurs ... rappelez-vous des photos du lac guaïba (lac ou fleuve, peu importe !), cette île est en face de Porto Alegre.
  De toutes les façons on n'en dira pas plus.

  Sur ce, je vous laisse profiter de cette version de l'Ile aux Fleurs en portugais sous-titré français, concoctée spécialement pour vous mesdames mesdemoiselles messieurs depuis le mois d'août. Elle n'existait pas en VOSTF avant sur internet (à part en torrent sur the Pirate Bay). Or la VO c'est quand même mieux pour voir des films, alors voici :)

 

Durée : 12 minutes.

 

 


cliquez sur la vidéo et mettez-la en plein écran 

 

  Si les sous-titres sont trop petits, voici la version française sur dailymotion (mais c'est horriiiible !).

  Pour une meilleure qualité et plusieurs choix de sous-titres : en torrent sur the Pirate Bay (audio en portugais, français, anglais et espagnol, sous-titres en portugais, français, anglais, espagnol, allemand, italien -avec vlc c'est assez énorme de zapper entre tous !). (vous pouvez télécharger la vidéo de youtube bien sûr)

 

     En fait, c'est un film de commande demandé par l'université du Rio Grande Do Sul qui voulait un film sur le thème du t********* d** d******.
   Le réalisateur est né en 1959. Après des études de médecine, de journalisme et de sculpture, il a travaillé à la télévision (TVE, Rio Grande do Sul) comme reporter, animateur, programmateur et chargé de production. Il a beaucoup travaillé à la Tele Globo (la plus importante) pour des série, des choses comme ça, et est aujourd’hui l’un des membres actifs de la Casa de Cinema de Porto Alegre.
   Il a réalisé peu de longs métrages (beaucoup de trucs pour la télé). Il a réalisé par exemple "O homem que copiava" ("the man who copied") ('homme qui faisait des photocopies), qui se passe exclusivement à Porto Alegre, et qui est pas mal, car l'histoire sans être grandiose est surprenante, dynamique et mignonne/cruelle.

 

Beijos

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14 novembre 2010 7 14 /11 /novembre /2010 20:54

J'avoue ... ça fait plaisir rien que de se dire qu'on est à Rio :) Alex et moi avons réussi à y aller une semaine, bien que nous n'ayons pas eu de vacances. Les brésiliens ont seulement les vacances d'été, d'environ 2 mois, et les vacances "d'hiver" d'un mois ou un mois et demi. Mais entre les deux il y a pas mal de lundis ou mardis fériés :) Donc mardi était férié, et évidemment on fait le pont. Rajoutez à cela que le vendredi je n'ai pas cours, que jeudi mes profs n'étaient exceptionnellement pas là, et qu'on a séché -seulement- le mercredi : nous nous sommes libérés pendant une semaine. Cependant j'encourage fortement les prochains voyageurs à sécher un peu plus, ça vaut le coup de profiter de Rio et des environs. Vous aurez noté que les vacances d'été des brésiliens sont à cheval sur décembre-janvier-février ... que peut-on faire pendant ce temps libre ? Rentrer au sarkoland ? Quitte à voir des pingouins, je préfère ceux de Patagonie !

J'avoue aussi, nous y sommes allés en avion :/ En bus ç'aurait été 2 fois moins cher, mais 20 fois plus long. Il y a deux aéroports à Rio, nous avons atteri sur celui du nord et pas celui du centre ville, qui passe au dessus des fameuses plages de Cobacabana, Ipanema, au dessus du pain de sucre (pão de açúcar), avec vue sur le corcovado (cristo redentor), les îles et les plates-formes pétrolières, et je suis sûr que nous aurions dansé la samba en survolant ça :

 

http://www.globe2share.org/Users/62/800px-rio_de_janeiro_helicoptero_47_feb_2006.jpg

Rio de Janeiro - "A cidade Maravilhosa"

le crist, la plage du quartier Botafogo, le pain de sucre -et une favela sur la gauche à flanc de colline

 

Ces quatre jours à Rio étaient donc cools, un peu fous -le quartier nocturne, fatiguants -nous nous sommes reposé trois jours à Ilha Grande, et très intéressants, car j'ai vu une ville très différente de Porto Alegre :

 

Déjà, ok, le paysage est sympa quand on est à la plage car la ville est constituée de nombreuses collines et donc on a vue sur celles qui avancent dans la mer et la terre de l'autre côté (c'est le continent, en face du "sugar loaf"); si on prend de la hauteur, en allant par exple titiller le crist, la vue est très belle. Sur nombre de collines s'étalent les favelas. Voici la topographie de la ville :

 

http://www.rentanapartmentinrio.com/map_rio_de_janeiro.jpg

 

Copacabana est devenue chic dans les années 20 après la percée d'un tunnel et la construction d'un hôtel de luxe; puis ça a été le tour d'Ipanema, puis aujourd'hui la population riche préfère aller encore plus au sud. Bon, ce sont juste des plages hein, et ce n'est pas même pas super pour se baigner ! Car la ville a construit une avancée sur la mer, donc la plage commence par s'enfoncer doucement dans l'eau, puis soudainement de manière abrupte. Ainsi les vagues, assez grosses, arrivent et se cassent brutalement tout près du bord, de sorte que tu ne peux même pas plonger en dessous, tu te fais quand même remuer ! C'est pas cool, je vous le dis j'ai essayé. Et sinon, il n'y a rien à voir dans les quartiers d'Ipanema et Copacabana.

Mais une plage et un fort soleil dans une ville, c'est cool !

 

La population est différente du sud du Brésil, elle est plus noire et métissée. Il y a entre 10 et 12 millions d'habitants, mais c'est pas facile de compter ceux des favelas. C'est la 2e plus grande ville du Brésil après São Paulo (et c'est la capitale !).

 

La ville possède quelques quartiers qui ont leur style propre et sont agréables, je pense à Sta Teresa, ancien quartier d'artistes, près du centre, qui monte sur une colline. On peut y monter avec un fameux tramway, gratis si tu restes sur la margelle. Bien que le centre ai des bâtiments et rues ancien-nes, il est défiguré par des routes qui passent n'importe où. Par exemple à la praza XV, place centrale, deux routes se superposent et passent en plein milieu ... la circulation, et les transports en commun, sont encore pire qu'à Porto Alegre. Et tout est privatisé, donc si tu dois prendre 3 fois le bus pour aller à ton boulot, tu payes 3 fois.

 

http://oglobo.globo.com/blogs/arquivos_upload/2010/10/236_197-post%20Mirele.jpgMirele, habitante de Santa Teresa.

Photo de Ricardo Beliel dont nous avons vu une très belle exposition. Vous apprécierez certainement ses photos de la pampa gaúcho, ou sa galerie de démo.

 

Nous nous sommes régalés de fruits et jus de fruits tropicaux : à Rio, contrairement à PoA, il y a beaucoup de bars spéciaux jus de fruits :) -et la bouffe est moins chère. Ainsi j'ai découvert le "jus" (crème-gelée toute sombre) d'açaï, dont ils vous vantent un tas de propriétés : il serait bon autant pour la tête, pour la ligne, que pour la libido. Mais les brésiliens parlent pas mal^^

 

acai.jpg

 

D'ailleurs généralement, quand nous commandions un jus, en faisant *des phrases* en portugais, les types nous répondaient en (un mauvais) anglais ... bon, certes, nous avons des têtes de touristes et un accent (charmant :D ), mais alors que nous montrons que nous parlons portugais pourquoi ne nous répondent-ils pas en portugais ?? Ça a fini par m'énerver moi aussi ! Mais le pire, c'est que quand nous répondons -en portugais- que c'est bon, on habite au Brésil et on parle la langue, ils se mettent à parler dans un petit portugais pour les neuneus graves ! "3 reais, 3 ! Uuuun, deuuux, troiiis" (en faisant les gestes et les grimaces) Argh !!! Le pire étant la fille à notre auberge, nous lui parlions en pt, elle répondait en anglais en cherchant ses mots et s'excusant pour son mauvais anglais ... On dirait qu'ils n'assimilent pas le fait qu'un touriste puisse parler portugais -impossible. Mais cela m'arrivait aussi à Porto Alegre, où il n'y a pas de touristes.

 

Rio est une ville violente, très violente, du moins par les chiffres : 250 morts par mois selon la Croix Rouge. Le plus souvent, les gangs de trafiquants de drogue des favelas, bien que minoritaires, y imposent leur loi, et la police de Rio, la plus violente du monde, vient de temps en temps dézinguer tout ça. Alex, qui était déjà venu à Rio, m'a indiqué : "ici, sur le parvis de l'église, la police a abattu une bande de gamins des rues qui leurs jetaient des pierres." :S "Pour compenser et se payer la connivence des habitants, nécessaire à leur sécurité, les chefs du trafic se substituent à un Etat absent, en payant l'hospitalisation d'une mère de famille, ou les médicaments du petit dernier". Des milices de (anciens) flics font la même chose dans environ 80 favelas (sur plus de 900 -> dans le lot, il y en a des tranquilles !). Selon la Croix Rouge : «Cette violence a une origine historique», explique Ignacio Cano, professeur de sociologie à l’Université de Rio. «La police a été créée au XIXe siècle pour contrôler les groupes les plus pauvres, les noirs, les émigrants et pour battre les esclaves. Quand un propriétaire estimait que son esclave méritait une punition, il l’amenait à la police qui le battait et le lui rendait. Cette tradition de violence n’a pas évolué depuis près de 200 ans.»

   Quant la police descend, on compte 40 favelados morts pour 1 policier, mais surtout, 4 morts pour 1 blessé ... statistique vraiment incongrue qui signifie que "ce ne sont pas des affrontements, mais des exécutions".

 

http://3.bp.blogspot.com/_VwUpsv4ebeM/SrOyB-AuuuI/AAAAAAAABgE/L5Wa8uLsYF8/s400/Favela+Rocinha2.jpg

favela Rocinha, 150 000 habitants ... ou le double; une ville dans la ville, un centre économique, des entreprises s'y sont installées, fait venir 6000 travailleurs-ses par jour; l'offre sociale et culturelle, des associations d'habitants ou d'ONGs, est minuscule mais plus importante qu'ailleurs.

En 2007, le gouverneur de l'Etat a proposé, pour remédier à la violence, d'accroître le nombre d'avortements, prenant en exemple les naissances à la Rocinha, qualifiée de "fabrique de bandits". Vous avez dit mépris et ignorance du dirigeant politique ?!

 

http://www.twip.org/photo/south-america/brazil/photo-5477-22-08-08-18-36-02.jpg

 

20% des brésiliens vivent dans des favelas.

Pour compléter le tableau, il faudrait parler de la situation précaire des flics, de leur formation, de la corruption, de la psychose qui entretient le marché de la sécurité, des médias loins d'être indépendants qui n'aident pas, du coup de la population aisée apeurée, de la guerre donnée aux jeunes et aux jeunes noirs, mais aussi du spectaculaire recul de la pauvreté (le nombre de personnes qui vivent dans la misère est passé de 35.16% de la population en 1992 à 18.11% en 2007); bref, ce n'est pas l'objet de ce post ! Voyez mes sources.

 

A Rio, j'ai vu un gamin dormir sur le trottoir en pleine journée, plus de boulot informel qu'à Porto Alegre, mais guère plus. Même avec mon appareil photo que je sortais du sac plus souvent qu'Alex n'appréciait, je n'ai rien senti de relou (mais oui, je suis aveugle parfois ;) ). J'ai fait gaffe à mon appareil, car on m'avait vraiment, mais alors vraiment martelé des consignes de sécurité. Du coup j'ai pas pris beaucoup de photos et elles ne sont pas très bonnes, vous êtes prévenus. Mais sérieux la sécurité est un sujet relou, même à Porto Alegre, où nous n'avons pas de favelas. Ici, nous avons des "vilas", de petits quartiers pauvres, qui sont disséminés à plusieurs endroits de la ville, autant au centre qu'en périphérie (j'ai lu qu'un bénéfice important du budget participatif de Porto Alegre a été d'arrêter cette périphérisation des pauvres). Ne pas confondre avec "villa".

 

A propos de boulot informel, celui que nous voyons le plus, c'est le collecteur de cartons, ou de canettes. Ce dernier a beaucoup de travail la nuit dans le quartier de Lapa, car ... c'est assez ouf ! Il y a un max de gens dans la rue, qui profitent de la samba et du funk qui filtrent par les fenêtres des bars et clubs grandes ouvertes, en sirotant des caipirinas ou caipifrutas aux maracujas, mmh :) (le secret est de mettre un peu de lait concentré à la place du sucre). Les mœurs sont plus légères, si jamais tu le cherches tu peux embrasser rapidement. Et les brésiliens là parlent encore plus rapidement qu'à PoA, ils promettent des choses qui sont oubliées le lendemain^^ t'es vraiment leur pote le temps d'une soirée, c'est très convivial, mais le but n'est pas forcément de se revoir plus tard. A PoA les boîtes de samba ou pagode (un dérivé) sont sympa et conviviales, avec de la musique live et tout le monde qui se trémousse, mais elles sont sages comparées à celles de Rio ! A ce que j'ai vu (en seulement deux soirées), il y a plus de funk, sur lequel on danse ... différemment qu'en France !

 

Après tant de folies, il fallait bien aller se reposer ... chose faite en allant à l'Ilha Grande, une belle île pleine de forêt et de plages, petites ou grandes, très agréables. Le logement n'était pas cher (20R$ la nuit + petit déj) (26R$ à Rio, le Couch Surfing n'ayant pas marché), et s'acheter un pic-nic valait le même prix que manger dans un petit restau. Mais nous n'avons pas eu trop beau temps. On s'est balladé et on a rencontré d'autres voyageurs ... on a rencontré un jeune américain qui a laché son job, pour lequel il fricotait avec les traders et toute leur clique. Apparemment, ça gagne beaucoup de sous jeune, ces gens là ... Ainsi il a tout arrêté et voyage pendant 1 an, 1 an et demi en Amérique du Sud. On peut le féliciter de n'avoir pas apprécié son boulot, mais il n'a pas démissionné pour des raisons idéologiques, dommage. On a rencontré une irlandaise de 30 ans, en vadrouille dans le sous-continent pour 7-8 mois, gràce à l'argent gagné chez elle dans des boulots de merde. On peut l'admirer pour ses prises de décisions, mais jusqu'à quand va-t-elle continuer à voyager ? A-t-elle des points d'attache en Irlande ? Arrive-t-elle à partager ses expériences chez elle ? Ne se sent-elle pas seule ? Il y avait aussi une française qui annonce tout de go qu'elle fait le tour du monde en 6 mois en passant par l'Amérique du Sud, l'Australie et trois pays asiatiques -au moins c'est plié, puis qui s'excuse et retourne sur facebook, et qui le soir regarde une grosse production américaine sur son inséparable petit pc; mais j'ai aussi rencontré l'inverse, un mec discret, bien avenant, qui a entamé un voyage en moto de 2 ou 3 ans. Lui, il bossait aux states à profiler l'architecture de téléphones portables, un boulot non satisfaisant qu'il ne s'est pas vu continuer toute sa vie. Je m'étonne d'apprendre qu'il suit un master à distance avec l'université de Londres. Il reçoit du matériel, étudie et passe un examen une fois l'an dans un consulat anglais -je ne savais pas que c'était possible. Ainsi il prépare sa reconversion, pour laquelle il compte s'établir en Afrique, certainement du Sud. Mais n'a-t-il pas peur de ne jamais se sentir chez lui ? Il m'a répondu que ça n'avait jamais été son cas, son père étant ambassadeur indien qlq part en Afrique, il étudie en Inde dans des internats depuis l'âge de 8 ans, et habite aux Etats-Unis depuis 10 ans. Voilà; c'est toujours bon de découvrir des trajectoires et des motivations différentes.

 

Et voici la session photos rabotée mais promise (46 photos) :

 

 

 

 

 

Liens connexes :

Le site de Jay, le voyageur sympa en moto : http://jamminglobal.com/ avec des photos du Brésil, de Colombie (super !), d'Equateur, du Pérou, ...

Encore une fois, le film Tropa de Elite, intelligent et efficace sur les favelas de Rio (voir aussi La cité de Dieu, tiré du roman de Paolo Lins)

La colonisation du Brésil (ça concerne donc Rio)

Un autre blog avec infos sur Rocinha, Rio et le Brésil

Le livre Le pire des mondes possibles. De l'explosion urbaine au bidonville global, par Mike Davis, Ed. La Découverte, 2006

Et sur un urbanisme plus proche de nous : Jean-Pierre Garnier, Une violence éminemment contemporaine. Essais sur la ville, la petite-bourgeoisie intellectuelle et l’effacement des classes populaires, Ed. Agone, 2010

 

Sources :

Des citations viennent de la Red Cross

Mes infos précises et entre guillemets viennent de Lamia Oualalou, "Les guides de l'état du monde : Brésil", éd. La Découverte (dans la même collection, voir le Mexique, l'Inde, le Maroc, l'Espagne, l'Australie et l'Egypte. L'approche est géographique, historique, sociale, politique et culturelle)


http://image.evene.fr/img/livres/g/9782707156693.jpg

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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 00:52

  Coucou ! Ça va ? Ouh-là, mon dernier post remonte un peu ! Cela s'explique en partie par le fait que je suis allé une semaine à Rio de Janeiro :) Qui est une ville très différente de Porto Alegre ! Avant d'en parler voici ce que je préparais avant de partir, sur un film argentin : El Secreto de Sus Ojos - Dans ses Yeux.

  J'avais vu l'affiche de ce film dans un petit cinéma en France, et étant curieux d'un film argentin j'avais noté sa référence, mais avec une moue moqueuse car son titre et son affiche me paraissaient dignes d'un film à l'eau de rose ... plusieurs semaines plus tard, j'en fais la remarque rapidos à une amie argentine, et elle m'arrête tout de suite : "ce film n'est pas, mais alors pas du tout, un film à l'eau de rose; ce film c'est ... c'est waoooooow, mais vraiment wooooooooooooooooooooooooooow :)))))))) " Et elle a raison ! Il ne s'agit pas tout à fait du sourire de qui vous pensez ...

 

http://img694.imageshack.us/img694/3393/elsecretodesusojosgrand.jpgpour moi l'affiche est incomplète

 

 

En fait le titre est polyphonique, il fait référence à plusieurs facettes de l'histoire, très riche et passionnante. Benjamin Esposito, "agent de la justice" à la retraite et non satisfait du passé, essaye d'écrire sur le meurtre d'une jeune fille dont son enquête à l'époque n'avait pas aboutie. Il en reparle en rendant visite à son ancienne supérieure (ohoh, pas contente !), et cela nous plonge dans l'enquête et le climat délétère de l'Argentine de 1974, soit seulement deux ans avant la violente junte militaire (1976-1983). Le film jouera parfaitement bien sur ces deux époques dont les évènements se complètent. Les "yeux" sont donc bien sentimentalistes en faisant référence à une histoire entre eux deux; ils ont aussi un gros côté polar, car on suit l'enquête, de la découverte du corps à l'audience du mari à la course-poursuite d'un éventuel coupable, et le tout dans ce climat pourri et liberticide où les hommes de pouvoir entravent le déroulement de la justice. Pendant huit ans, la junte militaire, dont on apperçoit quelques prémisses dans le film, a fait plus de 30 000 "disparus", 15 000 fusillés, 9 000 prisonniers politiques et un million et demi d'exilés. Et en plus, aujourd'hui les responsables n'ont été que très peu jugés, même après un premier procès de 1985, principalement à cause de lois d'amnistie ou du président Carlos Menem (président de 1989 à 1999) qui a amnistié, par décret, des centaines de militaires. Et notamment les 9 responsables qui avaient été condamnés à perpétuité en 1985 mais ont seulement purgé cinq ans de leur peine ... En 2003, Nestor Kirchner a annulé ces lois et les poursuites ont put être relancées.

 

 

http://fannyhoyos.files.wordpress.com/2010/03/el-secreto-de-sus-ojos-con-ricardo-darin.jpg

 

 

  Si l'on "feuillette" le film on ne trouvera pas beaucoup d'images attrayantes, car il est  beaucoup filmé en intérieurs, pour une bonne part dans les bureaux de l'administration et malheureusement on ne visite pas vraiment Buenos Aires, donc graphiquement ce n'est pas fou-fou. Par contre, il est parsemé de temps forts visuels ou scénaristiques : notamment un plan-séquence très impressionnant, et une scène mortifère (celle du gars qui entre dans l'ascenseur ...), mais aussi une preuve d'amitié et de sacrifice, un final qui laisse sans voix -et qui fait encore mieux tout comprendre en donnant une profondeur supplémentaire au film.

 

  Le réalisateur, Juan José Campanella, a enfin récolté l'oscar du meilleur film étranger en mars 2009, prix qui était attendu fermement par les argentins :p avec son précédent film, "El Hijo de la Novia", film que je n'ai pas vu, mais qui a l'air de reprendre les mêmes recettes, cette fois sur le thème d'alzeimer.

  Dernière remarque : ce film est tiré d'un livre ... évidemment, aurais-je envie de dire ;) un livre de Eduardo Sacheri, jeune écrivain argentin né en 1967 qui a écrit "La pregunta de sus ojos" en 2005 et compte 4 ou 5 romans à son actif.

 

 

 

Maiiis ... où le voir ? Ici :

 

Le télécharger en torrent (ici le fichier torrent)

ou

Le télécharger avec des liens rapidshare (aucun logiciel n'est nécessaire)

ou le louer ou l'acheter ...


 

  Les connaisseurs de l'espagnol remarqueront l'accent argentin : "jo" au lieu de "yo", "cajé" pour "calle"; des insultes amicales fréquentes genre "tchê, boludo" (qui serait couillon, ou connard ? le "tchê" étant gaucho !) ou "maricón". Beaucoup de ce vocabulaire n'existe pas en castillan car il vient du lunfardo, argot associé au tango.

  et surtout le "vos" qui remplace le "tu" : vos sos = (fr) tu es; vos tenés = (es) tu tienes : diphtongue absente, ajout de l'accent. cf wiki

 

Liens connexes :


Le film sur l'Internet Movie Data-Base

Si vous avez peur de télécharger à cause de la loi liberticide Hadopi, qui met en place un filtrage du net, vous pouvez utiliser rapidshare et consorts sans pb.

Le livre Pouvoir et Disparition : les camps de concentration en Argentine de Pilar Carveiro aux éditions La Fabrique.

Dictateur argentin condamné à 25 ans de prison : article sur lemonde.fr

Pour un autre film brésilien : voir Tropa de Elite !

Gros dossier en ligne sur la dictature sur massviolence.org

 

A plus pour un tour à Rio !

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